Nous clôturons cette série d’entrevue avec Jean Marc Larivière, réalisateur du court-métrage : « Sur le bord ».
Son film sera diffusé mercredi 25 novembre. Pour l’heure, on en apprend un peu plus sur le cinéaste et sur son oeuvre.

Sur le bord – de Jean-Marc Larivière

Bonjour Jean Marc, pouvez-vous commencer par vous présenter ?

J’ai grandi à Hawkesbury, dans l’est ontarien, je suis donc Franco-Ontarien de naissance.  Après des études en physique et en mathématiques, à Toronto, je me suis investi dans l’écriture, le théâtre, la musique et le cinéma.

Vous venez de remporter une sélection au programme Courts Toujours du festival CineFranco avec Sur le bord. Comment on se sens à l’annonce de sa sélection en festival ?

L’an dernier, j’y étais avec Des poussières de toi, un autre court métrage.  C’est toujours une joie de rencontrer le public, même si cette année ce sera un rendez-vous virtuel.

Qu’est ce que cela a changé pour vous ?

Sur le bord remonte à 1993, il ne date donc pas hier.  Cette mise en image du poème SUR LE BORD DU LAC RAMSEY du regretté Robert Dickson, lauréat du Prix du Gouverneur général et grand vizir de la littérature franco-ontarienne, est intemporelle. Et, c’est un grand plaisir de le partager à nouveau.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre film ?
Pourquoi faut-il le voir ?

Outre le sublime texte lui-même, véritable incarnation de ce dont la vraie poésie est capable, l’enregistrement de la bande sonore du film fut un moment de magie indicible qui, encore à ce jour, me donne des frissons à chaque écoute.  On peut en apprendre un peu plus à ce sujet ici : https://jeanmarclariviere.com/films/bord/

D’où vous vient l’idée de votre film ? Cela a-t-il été difficile de le tourner ?

Après l’enregistrement du poème que j’ai réalisé pour un cassette de poésie parue aux Éditions Prise de parole, j’ai tout de suite voulu y allier des images.  C’était en 1985, mais il a fallu que j’attende le début des années 90 avant de mettre la main sur un caméscope pour entreprendre le tournage, en solo, sur le bord du lac Ramsey, à Sudbury, par un sombre week-end de novembre.  On était à la belle époque des vidéos-clips musicaux; j’ai réalisé un poésie-clip.

Où / comment avez-vous appris à faire des films ?

Je suis un cinéaste autodidacte.  Mon apprentissage s’est fait d’abord par le truchement de la cinéphilie à la télé puis dans les salles de répertoires de Toronto.  Par la suite, au fil de rencontres, je me suis retrouvé sur les plateaux de tournage d’étudiants en cinéma du Ryerson Polytechnical Institute.  Autrement dit, j’ai appris sur le tas.  Il faut se rappeler que c’était encore à l’époque des tournages sur pellicule, autrement plus lourds et onéreux que ce que permet la technologie numérique actuelle.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire du cinéma (une expérience, un film, un acteur, une actrice, un.e cinéaste, un lieu, une anecdote…) ?

À l’école secondaire, j’étais un garçon plutôt sérieux, destiné à des études scientifiques, mais un hasard inouï a fait que, bien malgré moi, j’ai suivi un cours de théâtre.  Cela a changé ma vie.  Pas tout de suite, car je me suis inscrit à l’université, comme prévu, mais en peu de temps, mes pulsions créatrices ont trouvé un débouché plus concret et plus immédiat dans les arts.  Mon tout premier contact avec le cinéma a été sur les ondes de Ciné-club à la télé de Radio-Canada alors que j’étais encore dans mon village natale.  C’est là que j’ai découvert, Truffaut, Godard, Renais, Antonioni, Fellini, Duras, Marker. Je suis bon public, j’apprécie le meilleur d’Hollywood, mais c’est le cinéma européen qui m’a révélé la poésie du septième art.

Les 3 mots qui définissent votre vision du cinéma ? Pourquoi ?

Plutôt que trois mots, permettez-moi une brève phrase qui résume ma démarche artistique et qui se passe d’explication :  Découvrir et incarner la poésie dont est empreint le quotidien.

Avez-vous réalisé d’autres films auparavant ? Sont-ils visibles sur Internet ?

Depuis 1982, j’ai réalisé une douzaine de films (fiction, documentaire, art et essai), tous disponibles (à l’exception de mon tout dernier long métrage) gratuitement sur mon site:  www.jeanmarclariviere.com

Travaillez-vous déjà à un nouveau projet ou film ?

Je monte présentement mon prochain long métrage, un essai cinématographique intitulé hÔMme MovieS.

Vous l’évoquiez plus tôt, l’édition 2020 de CineFranco, va se dérouler en ligne. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Le contact avec le public me manquera cruellement, mais à l’impossible nul n’est tenu.

Dans la programmation de CineFranco 2020, pouvez-vous nous citer un film à voir et les raisons qui vous font aimer / recommander son œuvre ?

Je recommande vivement les deux programmes de courts métrages, toujours variés et pleins de belles surprises.

Si vous deviez donner un conseil à tous les réalisa.teurs .trices émergent.e.s, quel est selon vous le plus important ?

En guise de conseils, je citerai deux de mes maîtres à penser… 

Andrei Tarkovsky :  Si, au début de sa carrière, on met de côté sa vision dans le but de se tailler une place dans l’industrie, on n’y reviendra jamais. 

Christian Bobin :  Si on interdisait aux auteurs de mettre leur nom sur la couverture de leurs livres, la plupart n’auraient même pas commencer à écrire une seule ligne.  Il y a de rares livres dans lesquels on voit la vie grandir mais la plupart du temps c’est seulement le nom de l’auteur qu’on voit grandir.

Merci beaucoup Jean Marc ! « Sur le bord «  est à découvrir le mercredi 25 novembre 2020, en ligne via Eventive dès 10h.

Petit rappel : cette édition de CinéFranco 2020, se déroule en ligne, du vendredi 20 au samedi 28 novembre 2020 !


Propos recueillis par Cynthia-Laure Etom