2 Visu: Video réalisée par Alex Loukos
« De visu » est une expression latine qui veut dire: pour l’avoir vu de ses propres yeux.
Shahla Bahrami orne sa chaise d’une calligraphie ésotérique comme véhicule de voeux de paix. « Plutôt qu’une représentation de l’Islam, j’y ai senti une volonté de créer un mysticisme poétique dont le rôle serait d’exorciser un vécu, celui du sort de femmes musulmanes. J’ai utilisé un fragment d’un chant psalmodique de louange au Profète interprété par une femme d’origine berbère. Ce fragment ayant subi des distortions se répète avec insistance jusqu’à ce que la voix de la chanteuse se dévoile dans toute sa splendeur. Cet éloge à la perséverance sert à rejoindre le message de paix, si cher à Shalha et se rapporte aussi au combat des femmes aspirant à plus de liberté au sein de leur religion. »
Clarissa Schmidt Inglis affiche des éléments bruts et crus, quasi charnels. Il y a là l’expression d’une souffrance vécue dans la chair et la volonté de légitimer un corps féminin deshonoré et méprisé par un christianisme patriarchal qui le considère comme objet du péché originel. Ici, la vidéo est lourde de symboles, un peu à l’image de la chaise. La respiration d’une femme évoque sa vitalité. La voix masculine annonce la condamnation de celle-ci (comme celle d’Ève, responsable de la chute des hommes). Le texte en latin est un passage de Recordare: l’Ingemisco. Il évoque l’absolution de Marie-Madeleine qui donne espoir à tous les pécheurs d’être pardonnés de Dieu, signifiant par là qu’il n’y aurait pire péché que celui d’une femme.
Babek Aliassa: « Mon but était de raconter une histoire, avec, à l’image les élements présents et en créant une structure narrative avec le son. Le pari était de rester, autant que possible, proche de l’univers de chacune des artistes. »
Images: Extraits de la vidéo « 2 Visu » par Alex Loukos.