La circulation des fluides II fut réalisé lors d’une résidence de création au SESC Pinheiros dans le cadre d’un échange artistique entre la ville de Québec et São Paulo au Brésil.
La circulation des fluides sonde la résonance des eaux, ces corps liquides qui nous sont familiers par la vue et l’écoute aérienne, mais dont les échos subaquatiques nous restent somme toute étrangers. Eaux douces, eaux salées, utilitaires ou consommées, l’eau fait partie intégrante de nos vies. La majeure partie de la planète est submergée et le corps humain est essentiellement constitué d’eau. Puis il y a ces temps originel et utérin où tous, nous avons baigné dans un substrat liquide. Nous sommes issus des fluides, nous vivons au rythme des fluides. L’écoute des mondes aquatiques révèle ainsi un bagage ontologique et social, aux métaphores potentielles à explorer par nos oreilles aériennes.
L’eau a sa spatialité propre, son rythme propre, ses modalités propres. Elle est duelle, une masse à la fois dense et légère, un milieu comprenant des zones de confort comme des régions obscures. Ce macrocosme liquide, figure de l’insondable, semble être un abîme de silence. Hors il recèle des sonorités qui, pour y accéder, requièrent une écoute de l’ «intérieur».
L’installation est composée d’une grande table sur tréteaux, de sept pavillons en papier déposés en cercle sur celle-ci. Les fils audio rampants sur la table et tombants tout autour, ainsi que d’une boîte déposée en dessous contenant l’équipement électronique et audio. Chaque pavillon est muni d’un haut-parleur, d’un canal d’amplification et d’un capteur à ultrasons. Par ses mouvements et ses déplacements, le visiteur qui déambule dans l’espace active et façonne les modulations de sonorités subaquatiques de diverses natures. Aussi, plus il se rapproche d’une source audio, plus le volume s’accroît et à l’inverse, au moment où il s’en éloigne, l’intensité diminue. Les sons sommeillent, attendent l’interlocuteur pour se révéler. Ils vont et viennent, dans la mouvance des corps. La sensation dominante est celle d’une plongée acoustique dans l’antre d’univers fluides en constante mutation, révélant des mondes inaudibles quoique vaguement familiers.
BIOGRAPHIE
Catherine Béchard et Sabin Hudon forment un tandem d’artistes depuis 1999. Ils vivent et travaillent à Montréal. La matière sonore et le mouvement sont au coeur de leurs champs d’investigation. Ils s’intéressent aux sons/bruits générés entre autres par des sources acoustiques, à leurs propagations, aux impressions qu’ils procurent ainsi qu’aux « choses » et aux « silences entre les choses » qui composent nos champs perceptifs. Leur démarche s’actualise autour de propositions esthétiques variées, intégrant la sculpture, l’installation cinétique, l’art audio et la performance, des configurations, formes ou pratiques qui se rencontrent parfois au sein d’une même oeuvre.
Par l’engrenage des tensions fugaces entre la vue, le toucher et l’ouïe, les unes sur les autres, le duo réalise des installations qui s’attachent à rendre visibles et audibles des éléments anecdotiques de notre microcosme quotidien. L’environnement spatial est pris en compte ainsi que la motricité ou immobilité des corps qui le traversent. Leurs oeuvres mettent en perspective l’« impermanence » et la mouvance des choses et des êtres ainsi que notre présence au monde. Il s’agit de mettre en place des moments de vie où cohabitent le temps intérieur et le temps extérieur.
Leurs réalisations ont été présentées lors d’expositions individuelles et collectives dans de nombreuses villes du Canada, en République tchèque, au Brésil, aux États-Unis et en Allemagne. Une monographie couleur bilingue sur les œuvres installatives du duo a été publiée en 2011 aux Éditions OBORO. Le duo est représentée par la galerie Laroche/Joncas à Montréal.