Carte blanche d’écriture

Par Ophélie Pichon

De l’autre côté nous dévoile une face solaire et authentique du parcours de la vie de Fethi Nadjem. La réalisatrice Hanane Bendisari nous raconte toute la complexité, les émotions et les défis qui accompagnent l’immigration. Repartir de zéro, sans filet de sécurité, avec comme seule passion la musique, et beaucoup de volonté. À travers nos échanges, elle m’explique son besoin de raconter et de transmettre des histoires de vie: “cela vient certainement de ma position de « minorité » tout au long de ma vie, et ce constat de manque de perspectives qui ressembleraient à la mienne,, résultant souvent à une incompréhension de mon environnement face à mes réalités. J’ai donc envie de raconter « l’autre » afin d’instruire et d’ouvrir les esprits vers des réalités que les gens n’imaginent pas et auxquelles ils ne sont pas confrontés.” 

Lorsque j’ai demandé à Hanane comment elle avait réussi à capter aussi bien les émotions de Fethi, son personnage principal, elle m’explique que c’est parce que son parcours ressemble à celui de son mari. J’ai alors compris ce qui me touchait le plus dans son documentaire: l’authenticité et la douceur du récit dû à la frontière abstraite avec l’intime. “J’aime raconter les perspectives profondes, et cela nécessite une certaine proximité/intimité avec le/la protagoniste.”

Hanane est une scénariste qui construit en image et en son. La musique est un élément essentiel à la construction de ses histoires, comme un langage apportant ses propres images. De l’autre côté est le parfait exemple de ce qu’elle aime dans le cinéma, la fusion des deux médiums, son et image, indissociable pour l’expérience du spectateur. Hanane a réalisé ce documentaire avec un tout petit budget et a porté toutes les casquettes pour ce projet. “ Il parait que j’ai une bonne capacité à gérer les situations de crise.” Elle m’explique que malgré les changements de sujet du récit en cours de route et les nombreuses envies d’abandonner à cause de la charge que cela représentait, elle fut extrêmement heureuse de faire le montage, découvrant “l’essence du documentaire” et lui faisant ainsi réaliser que ce genre correspondait le mieux à son univers créatif. Lui permettant de redécouvrir l’histoire sous l’angle de celui du public :  “Un peu comme un puzzle de 10.000 pièces qu’il fallait compléter sans l’image finale en modèle, et qui se révèle à vous en posant la dernière pièce du puzzle en place.” 

Hanane finira notre interview en m’expliquant que le message sous-jacent de son documentaire est la persévérance, la résilience, et que si l’on trouve de l’humour dans notre quotidien comme Fethi le fait, alors les obstacles sont plus doux.



Ce texte a été composé dans le cadre du partenariat du Labo et du festival CinéFranco qui présente les films de 6 cinéastes francophones du Labo dans la catégorie Court-Toujours.