Toronto'Trialogue
L
’occupation continue d’un territoire s’enrichit de mémoires plurielles. Tel est Toronto’. Investi de plusieurs strates aux esprits multiples du lieu, des autochtones continuent d’y rêver et de créer par l’art, aujourd’hui.

Ce vaste lieu, « là où poussent des arbres dans l’eau » demeure un sentier de portages et de partages au travers d’un puissant écosystème tant pour les Wendat (Hurons), les Haudenosaunee, les Mississaugas, les Francophones, les Anglophones, ceux qui continuent d’y affluer et leurs descendants. L’imaginaire cosmopolite actuel de cette vaste cité procède pourtant d’une même fluidité d’intranquillité.

Cela tient autant du grand lac Ontario’ que reflète le miroir de verre des gratte-ciels, qu’à la chute Niagara, tonnerre d’eau, lien furieux de déversement entre ces grandes mers d’eau douce, qu’aux réseaux de rivières qui sillonnent cette vaste plaine et auxquels se greffent wagons de métros et de tramways, sentiers de vélos et pédestres.

Malgré une dominance de béton et de verre, d’acier et d’électrification, l’endroit a jadis été une vaste étendue, domaine des trois sœurs (le maïs, la courge et le haricot) et du tabac. Telle est la vivace nature fondamentale de Toronto’, de ses arbres et espaces verts. Leur fragilité reste redevable aux vagues par grands vents, aux débordements ponctuels de ses ruisseaux mais plus encore de la conscience citoyenne commune qui y circulent.

Voilà des pistes d’éléments qui rendent puissantes les œuvres élaborées en trialogue entre l’artiste Abénaki Simon M. Benedict et l’artiste Ilnu Sonia Robertson et le commissaire Wendat Guy Sioui Durand. Ils ont été conviés par Barbara Gilbert et son équipe du seul centre d’artistes francophone dans la ville, Le Labo, en complicité avec le centre d’artistes YYZ Artists’ Outlet et l’événement de déambulation dans l’édifice du 401 Richmond mis de l’avant par ImagineNATIVE.

Ni solitaire mais solidaire, ni deux voies parallèles mais ensemble, voici donc Toronto’. Trialogue, la résidence d’artistes autochtones qui s’expose.

 

Toronto’. Trialogue

Simon M. Benedict, Sonia Robertson

Commissaire Guy Sioui Durand

EXPOSITION :
7 septembre au 12 décembre 2018
au centre YYZ Artists’ Outlet, #140-401 Richmond, Toronto

VERNISSAGE :
Vendredi 7 septembre 2018
au centre YYZ Artists’ Outlet, #140-401 Richmond, Toronto

 

Ce projet exceptionnel a été rendu possible grâce aux partenariats avec les organismes suivants :
ACC_logo_565

YYZlogo_red - 565                    imagineNATIVE-logo-rouge - 565 x 208CSV


À PROPOS LES ARTISTES ET LE COMMISSAIRE

Simon M. Benedict

03 - painter project, 2016

Simon M. Benedict est un artiste de la vidéo, du son, de la performance et de la photo basé à Toronto. Son travail récupère du matériel audiovisuel et des documents d’archives afin d’explorer notre relation à diverses formes de récits fictifs et historiques et leur impact sur notre perception directe de la réalité.

Simon M. Benedict détient une maîtrise en beaux-arts de l’Université de Guelph (2016) et un baccalauréat en beaux-arts avec spécialisation en photographie de l’Université Concordia, à Montréal (2011). Son travail a été présenté dans des expositions au Canada, en Europe et aux États-Unis, dont récemment à VU (Québec, 2018), Dazibao (Montréal, 2018), NRW-Forum Düsseldorf (2018), Noble Space (Toronto, 2017), et Pushmi Pullyu (Toronto, 2017). Il a participé à des résidences à l’Office Nationale du Film, Artscape Gibraltar Point, Banff Centre, et Centre Skol. Il est récipiendaire de bourses du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de l’Ontario, et du Toronto Arts Council.

En savoir plus :

http://www.simonmbenedict.com/
https://vimeo.com/simonmb


Sonia Robertson

sonia travail

Ilnu de Mashteuiatsh, Sonia Robertson a complété un baccalauréat en art interdisciplinaire à l’Université du Québec à Chicoutimi après un DEC en photographie. Elle a également suivi quelques formations complémentaires (Butoh, matières-premières, danse-performance, poésie, etc.). Elle vient de terminer une Maîtrise en art-thérapie à l’UQAT.

Après la musique, la photographie fut son premier moyen d’expression. Chez les autochtones, on interdit la prise d’images durant les cérémonies, car on affirme que la photographie vole l’âme du sujet. C’est ainsi qu’elle utilise l’image. Ses œuvres deviennent la trace matérielle l’expérience spirituelle vécue avec les sujets, avec l’esprit des lieux. Le désir d’utiliser l’espace, de créer des lieux sacrés, de reconstituer des ambiances, l’a menée vers l’installation. Ensuite, le besoin d’épurer, d’aller à l’essentielle et de se rapprocher des gens, l’ont amené à considérer le corps comme matériau, porteur de sens, et ainsi aller également vers la performance/danse et l’esthétique relationnel, en plus de poursuivre l’installation in-situ.

Souvent, ses œuvres n’existent que pour et par les lieux pour lesquels elles sont crées. Elles sont un moment, un instant de présent, parfois marquées par la répétition du geste, lui-même inspiré des femmes artisanes de ma communauté. Empreintes de légèreté et de mouvement, elles deviennent communions/tensions entre; ombres et lumière, le corps et l’esprit, la matière et l’au-delà. Parfois politiques, curatives et/ou participatives, Robertson tente de mener à travers elles une réflexion sur le respect de toutes formes de vie. Les questionnements portent sur les polarités, le changement de perception, les limites de l’espace (lieu), les matériaux (comme immatériaux) et la place des Premières Nations en ce monde. Sa démarche est nourrit par la recherche de l’Unité, la gratitude, l’imaginaire, les savoirs traditionnels et l’histoire comme Première Nations. Mais avant tout l’art est pour elle un moyen d’expression, de guérison et de relation à l’imaginaire au monde des esprits. Cet imaginaire tout comme celui de ses ancêtres ilnus est nourri par ses rêves et ses expériences.

L’installation, l’art action, la danse, l’écriture, le conte, l’exploration sonore et de l’image, sont ses champs d’exploration dans l’art.

Son travail fut présenté dans sa communauté, dans diverses régions du Québec, ailleurs au Canada, en France, en Haïti, au Mexique et au Japon


Guy Sioui Durand

Commissaire

REG_6683

Wendat (Huron), Guy Sioui Durand est sociologue (PH.D.), théoricien, commissaire indépendant, critique d’art et conférencier-performeur (Harangue performée). Son regard sur l’art autochtone et l’art actuel met l’accent sur le ré-ensauvagement de nos imaginaires et le renouvellement des relations. Ses livres L’art comme alternative. Réseaux et pratiques d’art parallèle au Québec (1997) et Riopelle Indianité (2003) sont des références. S’y ajoute l’Esprit des Objets (2013) sur l’art autochtone actuel. Il prépare un ouvrage sur Actes Sauvages/Indian’s Acts. L’art performance autochtone. Il a notamment produit et/ou participé aux dossiers « Amérindie » (Esse 2002), « Indiens, Indians, Indios » (Inter 2010) et « Affirmation Autochtone » (Inter 2016). Il a été commissaire des événements Gépèg. Souffles de Résistance (2009) et des expositions La Loi sur les Indiens revisitée (2009), Akakonsah’/Fabuleux Dédoublements (2013), Archives Vivantes (2014) Résistance. Plus Jamais l’Inaction (2014), Miroir d’un Peuple. L’œuvre et l’Héritage de Zacharie Vincent (2016). En septembre 2018, Sioui Durand est commissaire du projet en cours Hommage aux Skywalkers/Ironworkers Mohawks, de l’événement Actes Sauvages / Indian Acts. Le Rassemblement International d’Art Performance Autochtone (RiAPA) à Wendake, 14-15-16 septembre et du projet d’exposition De Tabac, de Sauge et de Foins d’odeurs, Musée d’art de Joliette, hiver 2019. Il enseigne « Initiation à l’art autochtone moderne et contemporain » à l’institution autochtone Kiuna, seule institution postsecondaire entièrement autochtone depuis 2012.