Vernissage : 23 avril 2014, 19h00 / Avant-première presse : 18h30
Exposition : Du 23 avril au 24 mai
Causerie (en anglais) : 26 avril 2014, 14h00-15h30 (en anglais)
Adresse : Collège Boréal, 1 Rue Yonge, 3ème étage, Toronto ON, M5E 1E5.
Gratuit et ouvert au public
Horaire d’ouverture : Du mercredi au samedi 12h00-18h00
Informations : www.lelabo.ca – info@lelabo.ca – 416 603 6566
SNOWBIRDS est une étude documentaire sociale de Breezy Hill RV trailer park, une communauté tissée serrée de Québécois francophones à la retraite, résidant en plein cœur de Pompano Beach, en Floride.
La Floride accueille la plus grande concentration de Québécois à l’extérieur du Québec. Pendant 182 jours par année, les résidents de Breezy Hill apportent leur couleur québécoise à cette communauté. Bien que je sois né au Québec, je ne me suis jamais identifié comme étant Québécois. À travers sa démarche artistique Mika Goodfriend tente d’explorer ce que signifie pour lui « être Québécois » en photographiant ceux qui s’identifient comme tel.
L’idée d’une enclave de Québécois habitant au beau milieu d’une ville américaine le fascine. Les résidents du parc sont Québécois à 95% et apportent avec eux leur propre identité, leur propre culture et leurs propres traditions, tout en étant entouré par la culture dominante américaine. Il s’est trouvé un point de rencontre avec les résidents, qui portent en eux la confiance et l’assurance de savoir qui ils sont et qui poursuivent un rêve commun. De plus, ayant vécu le divorce de ses parents, il est attiré par la longévité des couples qui composent cette communauté. Ceux qui choisissent de vivre leur retraite à Breezy Hill ont réussi puisque leur nouveau mode de vie correspond souvent au rêve qu’ils avaient et à ce pour quoi ils ont travaillé si dur. Bien que les résidents aient tous vécus des expériences de vies diverses, ils se retrouvent à partager le même parc à roulottes.
La plupart des couples sont toujours ensemble même après plusieurs décennies de mariage. Ils ont des enfants et des petits-enfants et se retrouvent ensemble pour vivre leur retraite dans leur petit coin de paradis, où ils se sentent chez eux, loin de la maison. Il y a un très grand sentiment d’appartenance au sein de la communauté, puisque les résidents s’entraident et vivent dans le même voisinage. Breezy Hill ressemble à s’y méprendre à un petit village québécois, avec des palmiers et le beau temps à longueur d’année en prime.
Les résidents de Breezy Hill sont financièrement aisés. Bien qu’ils puissent se permettre d’habiter dans de luxueuses demeures près de l’océan, ceux-ci décident d’opter pour une roulotte. Ils choisissent ainsi d’être entourés par une communauté qui leur est familière tout en ayant le mode de vie dont ils ont toujours désiré. Leurs activités quotidiennes sont planifiées avec précision : l’Aqua-forme à 7 heures, les cours de danse à 14 heures, le souper à 18 heures, et le lendemain on recommence. Les résidents partagent un look semblable : leurs vêtements, leurs coupes de cheveux et leurs roulottes sont similaires, comme s’ils venaient tous du même moule. Il y a un sentiment de fierté qui se dégage de la façon dont les lots sont entretenus par leurs propriétaires. Chacun passe beaucoup de temps à arranger son lot à son goût: la terrasse est coupée, les roulottes sont repeintes à la moindre trace de rouille et les autos sont lavées chaque jour.
Snowbirds est une étude anthropologique visuelle d’une « espèce en voie de disparation » d’un point de vue culturel et d’une époque socio-économique révolue. Les résidents réalisent tout à fait que leur génération sera la dernière à migrer en masse du Québec à la Floride durant les longs mois d’hiver. Néanmoins, ils se sentent satisfaits et épanouis, étant constamment en mouvement. Les résidents de Breezy Hill sont passés maîtres dans l’art de s’occuper à ne rien faire. Ils sont la preuve qu’il est possible de vivre le rêve américain, bien entourés des piquets de clôture blanche de Breezy Hill RV trailer park. Snowbirds constitue la mise en mémoire d’un chapitre de l’identité et de l’histoire québécoise, visant à regarder de plus près une culture et un mode de vie qui demeurent toujours étranger à l’artiste.
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Démarche artistique
Mika Goodfriend est né et a grandit à Montréal, pourtant, il ne me s’est jamais senti québécois. Il ne s’est jamais identifié non plus à la culture juive dans laquelle il a été élevé. À travers ses œuvres il s’infiltre dans des endroits qui lui sont inconnus afin d’explorer ce qu’être Québécois signifie, en photographiant ceux qui s’identifient comme étant des “pure laines”.
Son approche est d’abord personnelle alors qu’il se base sur sa propre expérience de recherche, d’identification et de sentiment d’appartenance. En observant les routines et les lieux habités par des gens qui lui sont étrangers, il tente de comprendre en quoi consiste leur vie tout en cherchant à comprendre sa propre perception de l’autre. Sa famille a toujours considéré leur culture juive en opposition à la culture québécoise, en préconisant une perception dichotomique du “us versus them”. Il a perçu à travers cette vision des préjugés et des idées préconçues basées sur l’intellectualisme et les classes sociales. Il n’a que rarement été mis en contact avec la culture québécoise, étant limité par sa situation géographique— demeurant principalement dans l’ouest de la ville de Montréal—sa culture, sa langue et sa propre conception des Québécois.
Sa plus récente démarche artistique se base sur le désir de repousser ses propres barrières et de revoir sa conception du monde. Dans cette perspective, il perçoit le rôle du photographe un peu comme celui d’un explorateur. Les cultures et les langues étrangères à la sienne représentent en quelque sorte un continent encore inexploré. Il repousse constamment les limites de sa zone de confort en ayant recourt à cette approche ethnographique, tissant des liens de confiance avec les sujets qu’il rencontre. Cela lui permet éventuellement d’observer leurs vies, tout en créant un échange et un dialogue entre différentes cultures.
Snowbirds représente la synthèse parfaite de ses intérêts en tant qu’artiste. Alliant le portrait à la documentation d’espaces intérieurs et à l’esthétique kitsch, cette série offre une exploration informée de l’identité et de la culture québécoise.