Le 4 juin dernier, arrivait sur nos écrans la toute nouvelle série de Josiane Blanc : « Ainsi va Manu ». Programmée sur TV 5 Unis, la série promet déjà d’avoir un grand succès, avec au casting des talents qui crèvent l’écran ! Avec notamment, Cindy Charles, une jeune comédienne dont c’est le premier rôle. Nous nous sommes entretenus avec Josiane, membre du Labo elle nous a accordé une entrevue en toute simplicité.
QUESTION 1 – Peux-tu nous pitcher ta série en quelques mots ?
« Ainsi va Manu », c’est une série qui raconte l’histoire de Manuela, 16 ans, qui en raison de la menace d’éviction à laquelle sa famille est confrontée, s’éveillera rapidement aux iniquités du monde. Mais Manuela n’a pas froids aux yeux : refusant de rester sans agir et tentera de combattre l’éviction.
QUESTION 2 – La rénoviction, est-ce un thème qui t’intrigue depuis longtemps ?
C’est un thème qui est assez nouveau donc je dirais que c’est surtout venu depuis que j’ai déménagé à Toronto il y a bientôt 6 ans. À force de parler de l’augmentation des loyers dans la ville et d’entendre des histoires d’amis, de connaissances qui se voyaient forcer de quitter leurs appartements, une fois, deux fois, 10 fois, tu finis par réaliser que ce n’est plus simplement un cas isolé mais bien un phénomène qui touche les gens les plus démunis mais aujourd’hui, à Toronto, les classes moyennes aussi. J’avais envie de raconter une histoire où une adolescente tentait de prendre son destin entre ses mains, à un tournant où l’adolescence et l’âge adulte parfois se croisent et où on commence à se définir, à vouloir être entendu, à prendre position tout en étant encore en apprentissage. Et donc l’idée de parler de rénoviction c’est présenté et j’me suis demandé comment une adolescente fougueuse vivrait cette situation dramatique.
QUESTION 3 – Pourquoi était-ce important pour Ania et toi d’avoir un personnage principal et un casting 100% issue de la diversité ?
Nous avions envie de mettre de l’avant une série à l’image de notre réalité tout simplement. Ania et moi sommes toutes les deux issus de la diversité, nos amis, nos collègues, les gens que nous côtoyons sont de toutes origines, il était donc naturel pour nous d’avoir un casting diversifié, qui est aussi à l’image de Toronto! On s’est souvent dit « si nous on ne le fait pas, eh bien qui va le faire? » Et c’est dans cette idée aussi que nous avons voulu pousser ça plus loin. Pas juste un personnage « juste pour dire qu’il y a de la diversité » mais plusieurs personnages, des personnages avec une histoire, une profondeur qui occupe une place importante dans le récit. Et on a voulu avoir un casting oui mais aussi une équipe technique hautement diversifiée. Notre plateau était bilingue, anglais français mais quand on se promenait on pouvait parfois entendre de l’espagnol et même de l’italien. Pour nous c’était important et on va continuer à créer ainsi.
Et je dirais aussi que c’était important de donner la chance et des opportunités. Beaucoup de nos rôles, la plupart, le casting était ouvert. Manuela est noire mais elle aurait pu être arabe par exemple, quand on a cherché les personnages on ne voulait pas limiter notre casting justement parce qu’on voulait donner la chance à tous, et aux gens qui ont parfois moins d’opportunité d’auditionner.
QUESTION 4 – C’est innovant ces dialogues croisés en anglais et en français, cela met au-devant de la scène la réalité de la communauté franco-ontarienne. Est-ce que cela a été un défi ? Est-ce venu naturellement ?
C’est 100% naturel, ah ah. C’est drôle mais encore une fois, avec plusieurs de nos proches et amis, on mélange les langues. Je pense que ça vient du fait d’évoluer dans un milieu multilingue et parfois les mots vont sortir plus naturellement dans une langue que dans une autre. C’était déjà le cas pour moi quand je résidais à Montréal, dans ma famille les dialogues s’entre-coupent entre le français et le créole haïtien et certains membres de ma famille sont anglophones donc ces échanges ont toujours sonnés naturels dans mes oreilles. Puis je crois que c’est une réalité franco-ontarienne également, surtout à Toronto, donc ici personne n’est surpris de ce mélange. C’est vraiment à l’image de la francophonie torontoise où on peut être dans un groupe et converser en anglais avec la personne à notre droite et en français avec celle qui est à gauche et trouver ça tout à fait normal. Et beaucoup de jeunes franco-ontariens parlent de cette façon également et je pense que ça leur permet de s’identifier à nos personnages. 🙂
QUESTION 5 – Tu as tourné en période de pandémie, en quoi est-ce que cela a été un challenge pour ton équipe et toi-même ?
Que de challenge! Honnêtement, faire ta première « grosse » production en pleine pandémie c’est un peu la folie encore plus quand tu travailles avec un micro-budget. C’était un énorme stress pour Ania et moi. Nous avons dû mettre en place un protocole à suivre pour l’équipe, trouver une équipe qui faisait des tests covid sur les lieux et ça eh bien ça retardait les tournages parce que ça prend 2 heures avoir les résultats des tests et nous avons eu plusieurs jours de tests également. On a engagé une personne qui devait s’assurer de faire respecter le protocole covid pendant le tournage. Personne ne pouvait tomber malade sinon on devait arrêter l’ensemble du tournage et mettre tout le monde en quarantaine. Et comme on était une production à petit budget, on ne pouvait vraiment pas se permettre d’arrêter le tournage et de recommencer plus tard, on en avait pas les moyens. Heureusement, on peut fièrement dire qu’on a réussi à faire 18 jours de tournage avec toute notre équipe et zéro cas de covid!
QUESTION 6 – J’ai « bingé » toute la saison 1 en une soirée, du coup je me demande… Il y aura-t-il une saison 2 ? Si oui, pour quand peut-on l’attendre ?
Ah merci, ça fait vraiment plaisir de savoir que tu as aimé ça! On veut qu’il y ait une saison 2 mais pour ça il faut que la série soit vu donc parlez-en autour de vous ah ah. Mais pour vrai, on doit attendre de voir la réception de l’audience mais si ça plait, on aimerait bien avoir une nouvelle saison en 2022. À suivre. 🙂
QUESTION 7 – Un dernier mot ?
Suivez-nous sur les réseaux sociaux @ainsivamanu Mais blague à part, on est très fières de pouvoir créer une série en français, diversifié, à Toronto. Et c’est vraiment une chance unique de pouvoir faire ce beau métier. On est tellement privilégiée de pouvoir raconter des histoires et le plus beau cadeau c’est que les gens soient au rendez-vous!
Sinon, on veut vraiment rejoindre les jeunes, on pense qu’il y a un aspect éducationnel intéressant dans la série, on a même créé un document d’accompagnement pour les écoles donc on espère pouvoir connecter avec les établissements et les enseignants qui ont envie d’aborder les différents sujets dans leurs classes.
Vous ne vous êtes pas encore plongé dans l’univers de la série ? Découvrez tout de suite le premier épisode de la saison 1 : « Ainsi va Manu » – Épisode 1.
Synopsis :
Lorsque Manuela, 16 ans, et sa famille sont menacées d’être évincées de leur appartement par un constructeur immobilier, celle-ci décide de prendre les choses en main et de lutter pour demeurer dans son quartier, à sa façon.
- Année de production :2020
- Pays d’origine :Canada
- Nombre d’épisodes prévus :7
- Avec :Laurence Barette, Cindy Charles, Sandra Dorélas, Jamaal Mansaray, Nam Nguyen
Propos recueillis par Cynthia-Laure Etom pour Le Labo.