L’été 2023 est déjà bien installé et cet air de vacances nous donne pourtant déjà envie de discuter de nos idées pour la rentrée. En réponse au climat d’incertitude laissé par la pandémie, Le Labo essaie de ralentir la cadence pour laisser place à l’exploration… après tout, nous sommes un Laboratoire d’Art, d’où notre nom!
Il y a deux ans déjà, notre partenaire du RCAAQ (Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec) organisait un forum qui portait sur la décroissance. Cela avait déjà, à l’époque, planté une petite graine dans nos esprits. Catherine Bodmer, directrice générale du RCAAQ, a posé des questions qui nous ont inspirées :
« Peut-on considérer la décroissance matérielle, donc de réduire, de ralentir, de simplifier nos vies, en faveur d’une autre croissance : écologique et sociale… ? Peut-on envisager une plus grande cohésion sociale permettant une juste distribution de la richesse matérielle, intellectuelle et culturelle ? Comment y parvenir lorsque l’on doit composer avec les impératifs du progrès imposés par une économie néolibérale et capitaliste ? »
Catherine Bodmer
Parler d’exploration nous pousse à nous questionner sur le temps nécessaire à cet ouvrage. Et c’est exactement ce que nous souhaitons faire, ici au Labo, en se consacrant davantage à la pensée créative des artistes et afin privilégier un temps d’explorations plutôt que des objectifs de réussite.
C’est pourquoi vous avez pu découvrir cette année, le nouveau programme Le Cercle ainsi que le thème de la Jachère, qui servira de fil rouge à notre programmation, et ce jusqu’en 2025. Inspirés par la pratique ancestrale des cultivateurs et hors des notions de réussite artistique et de productivité, nous aimerions contribuer collectivement au repos du Labo et de sa communauté, afin que toutes les graines d’idées plantées, avec du temps, nous apportent leurs fruits fertiles de diversité. Quoi de mieux pour préparer le futur ?
Nos programmes sont donc en train de changer pour offrir du temps, un espace, des ressources et de l’appui aux artistes, notamment aux membres. Ce virage part du constat d’une société qui tend de plus en plus à intégrer la décroissance comme mode opératoire, et notre nouvelle approche vise à aider les artistes établis, à mi-carrière et émergents à reformuler leur conception du processus artistique. Nous voulons les inviter à ralentir le rythme dans un monde qui aime que les choses aillent vite et à créer de la frustration et même de l’échec.
La Maison des artistes de Winnipeg (Manitoba) a récemment dévoilé l’exposition intitulée Habiter, une poignée de terre à la fois sous le commissariat de Laura Demers (Toronto, Ontario). Présenté jusqu’au 2 septembre 2023, nous trouvons que c’est une superbe inspiration pour ce concept de ralentissement et de recherche d’équilibre dans un monde plus viable.
« « S’intéresser aux récits et savoirs qui parsèment le territoire, c’est s’ancrer dans une façon de vivre qui offre l’éventuelle potentialité d’une symbiose. Réflexions sur les espaces naturels et bâtis, mise en évidence des liens et réseaux qui unissent toutes sortes d’ailleurs, responsabilité du soin envers la terre, réclamation des pouvoirs d’agir, regards sur l’imaginaire rural; malgré que la notion de ruralité ne désigne pas le même phénomène pour toutes, elle se joue en arrière-plan dans les pratiques des artistes qui composent cette exposition. »
Laura Demers
Cette pause estivale propice au repos et à l’exploration est essentielle à la reprise d’énergie dont nous aurons besoin la saison prochaine, Nous avons bien hâte de vous revoir!
En attendant, bon repos et mettons-nous en jachère.
Dyana Ouvrard, directrice générale et artistique du Labo.