Carte blanche d’écriture

Par Ophélie Pichon

Portant la casquette d’artiste vidéaste depuis trois ans, je réalise à travers notre rencontre, que Pascaline Le Bras a su développer une sensibilité au langage de la danse depuis l’enfance. En parallèle d’une pratique de modern jazz ou plus tard de danse contemporaine, elle travaillera dans un tout autre domaine: le tourisme. C’est grâce à cela qu’elle développe, en autodidacte, au fur des voyages une pratique de la photographie. Elle arrive à Toronto, il y a 12 ans, en quête d’expérience du monde et des cultures, et se retrouve rapidement entourée d’artistes. Ces rencontres cosmopolites et foisonnantes l’ont poussée vers de nouvelles gestuelles et écoutes de la musique à travers la danse traditionnelle d’Afrique de l’Ouest et l’afrofusion, mais aussi le freestyle. Les possibilités de mouvement et de rythme étant plus libres que ses expériences en France. 

Avec les années, sa sensibilité artistique l’amène à faire des portraits vidéo de danseur.euses. Tout d’abord le sien avec son film Dear Dance, puis dans un court-métrage, Layers, où on rencontre François, jeune homme rwandais questionnant, par le langage du corps, la nostalgie et la difficulté d’être dans un environnement lointain. Le médium vidéo permet à Pascaline de diriger le regard sur les émotions du corps. Elle nous raconte des histoires vécues, mais dans le silence des voix, où seuls les mouvements parlent de notre connexion aux espaces urbains. Son travail est toujours en quête d’authenticité, de simplicité, appuyant ce dialogue universel des gestes et des environnements.

Pascaline me confie que son amour pour la musique, c’est en arrivant à Toronto qu’il s’est réellement construit, grâce aux concerts, aux artistes talentueux qu’elle rencontre et aux musiciens de percussions live composant la musique de ses cours de danse. “Cette connexion entre la musique et la danse est si ancienne, et donc universelle. Mais cette musicalité elle est aussi dans la danse en elle même, comment on crée une certaine musicalité dans les mouvements? C’est un sujet qui m’est très important, parce que je l’ai découvert dans ma façon de danser.”

Avec son dernier court-métrage Forged like Silver, c’est un autre axe de réflexion qui s’ouvre à elle, celui du Screendance. C’est grâce à un mentorat, ayant lieu à Victoria, sur l’île de Vancouver que l’artiste va explorer cette technique, composant un film qui nous amène plus loin dans le rapport à l’image, l’éclairage, les mouvements de caméra, le montage. “Le Screen Danse c’est l’art de fusionner la danse avec le cinéma et de les mettre au même niveau durant la création… C’est prendre en compte toutes les possibilités qu’on peut avoir quand on fait un film, tout en ayant l’objectif d’honorer la danse et la chorégraphie.” 

Pascaline m’explique que la première étape a été de parler avec les chorégraphes et sa mentor, être dans la recherche par de l’improvisation et des exercices composés ensemble. Trouver la relation que les deux danseurs avaient, leur définir des personnages. Cela a donné naissance à une séquence chorégraphique. “ Mon challenge a été de savoir quelle histoire je veux raconter par rapport à ce que je vois.” Il lui a fallu ensuite trouver un lieu appuyant le récit et réfléchir à comment filmer les actions avec l’intention des chorégraphes. Et finalement monter ses mouvements sans perdre le sens.

En mettant la danse au centre de chaque création, Pascaline nous donne un nouveau regard sur nos émotions et pulsions, sur nos environnements ou encore sur notre rapport à l’autre.



Ce texte a été composé dans le cadre du partenariat du Labo et du festival CinéFranco qui présente les films de 6 cinéastes francophones du Labo dans la catégorie Court-Toujours.