Carte blanche d’écriture

Par Ophélie Pichon

Marcel Grimard est un artiste aux multiples facettes. Autodidacte, il n’hésite pas à diversifier ses sujets de recherche autant que ses médiums pour arriver à trouver l’équilibre entre fond et forme. ‘’ Dès que j’arrive à un certain niveau de compétences avec le médium, j’atteins un certain niveau d’ennui. Alors je change… Je ressens le besoin d’apprendre constamment de nouvelles pratiques”. Construisant une routine artistique pour ancrer l’art dans son quotidien, il explore de nouvelles manières de voir son environnement, notamment grâce à sa chienne Sassy. 

C’est avec l’intention de découvrir le logiciel After effect que Marcel propose un projet au centre artistique de Banff (Alberta). C’est donc en mai 2023, entouré d’une nature riche et grandiose qu’il réfléchit et réalise son film expérimental les hauts les hurlements, Expérience d’autant plus surréaliste que les fumées des incendies à 1500 kilomètre imbibent la ville, le mettant en condition pour réfléchir sur la place de l’Homme et sa réactivité face aux questions environnementales. “C’est à partir de ce moment que je me suis demandé pourquoi on ne réagit pas face aux murs? Pourquoi a-t-on tant de résistances à ces transitions? Qu’est ce qui fait que nos choix ne protègent pas le climat ?”

Marcel a alors cherché plusieurs réponses à ces questionnements et fait apparaître finalement la notion de divertissement, comme champ de réflexion artistique. La fameuse réponse d’une société du spectacle où le pain et les jeux nous servent à  éviter de penser aux problèmes, construire des solutions, se mettre en action. “On est dans le déni, et on cherche des escapades”. C’est alors un travail de construction autour des multiples médias et réseaux, faisant notre principal appuie au divertissement, que Marcel va puiser pour composer un film critiquant le système. 

Volontairement ennuyeux, répétitif, long, insistant sur des informations qui ne changent pas malgré le temps qui passe. La recette d’une émission de cuisine identique d’une année sur l’autre, des informations sur un crime, passant en boucle sans nouvel élément nous contenant dans une émotion d’insécurité. L’artiste utilise les codes de la société de consommation d’information de masse, donnant à notre cerveau beaucoup d’images à traiter ainsi que de la musique, mais introduisant une dissonance et des contradictions par le rythme, imposant le cri d’un animal comme un appel à sortir de la trame du “Shopping thérapie”. 

“On parle beaucoup de l’adaptation climatique mais elle est souvent centrée sur nous … Mais est-ce qu’ on peut avoir de la compassion pour d’autres espèces que la nôtre?  Le cri de l’animal je le mets aussi pour nous rappeler que d’autres espèces plus fragiles subissent les conséquences de notre inaction”.

Les hauts les hurlements est un appel à prendre du recul sur notre consommation passive d’écrans, d’informations, pour retrouver un équilibre avec son pouvoir d’actions, et son ancrage dans le présent. 


Ce texte a été composé dans le cadre du partenariat du Labo et du festival CinéFranco qui présente les films de 6 cinéastes francophones du Labo dans la catégorie Court-Toujours.